Soyez vous même des poètes !

Dernière mise à jour : 4 avr. 2023

Pour la troisième session autour de l’Art Oratoire, les deux classes participantes de Levallois-Perret ont accueilli l’association de médiation poétique Vers Libre co-fondée en 2022 par Ariane Vitou et Nathalie Moine. Dans le cadre du programme Odyssée, Ariane Vitou anime les séances consacrées au Patrimoine oral en puisant dans les recueils d’hier et d’aujourd’hui et en faisant cheminer les élèves à travers un parcours de quatre ateliers sur la thématique de « l’empreinte »: 1° les différentes formes de l’empreinte dans les poèmes ; 2° le rôle du poète : se laisser imprégner pour laisser une empreinte grâce aux mots ; 3° et 4°: faire émerger de nouvelles empreintes à partir des patrimoines de proximité. Ce parcours permet aux élèves d’appréhender la poésie non seulement comme un moyen de témoigner des patrimoines qui les entourent mais aussi comme un patrimoine en tant que tel qu’il appartient à chacun de rendre vivant à partir de sa sensibilité et de son imagination afin de pouvoir « habiter le monde en poète » pour mieux y laisser soi-même son empreinte. Jeudi 23 mars, Céline et Yaëlle, membres de l’association, ont pu assister à l’une de ses interventions. Installés dans la bibliothèque de l’école, les enfants étaient assis en rond de façon à ce que tous puissent se voir et surtout s’écouter. Ariane et Clément les deux intervenants ont tout d’abord lancé un jeu, le “Ha hi ho” qui allie geste, parole et attention. Après avoir rappelé ce qu’ils avaient vu lors de la dernière session, ils ont commencé à lire et travailler sur le poème La fonction du poète de Victor Hugo. Répartis par petits groupes, les élèves ont dû choisir un passage qu’ils aimaient et essayer à partir de ce dernier de dessiner ce qu’il représentait pour eux et enfin de donner une définition de ce qu’est un poète.

Pour leur enseignant, monsieur Binot, le programme Odyssée permet d’aborder la notion d’art oratoire d’une façon différente que d’apprendre par cœur et réciter des poésies. “L’intervention d’Ariane et Clément permet de dépoussiérer la poésie, de désacraliser des textes anciens, de les rendre plus accessibles. Les enfants gagnent en lâcher prise, ils s’autorisent à faire de la poésie.” Enfin un dernier moment a été pris pour que les enfants réfléchissent et partagent la suite de la phrase “moi, si j’étais poète je parlerais de…”. Beaucoup d’entre eux se sont montrés sensibles à des thématiques actuelles comme la guerre, la pauvreté ou encore les dangers qui menacent la nature. Ces trois ateliers donnent des clefs d’épanouissement aux enfants et c’est ce que nous avons pu voir pendant l’atelier, chacun participe et écoute la parole de l’autre.

Questions à Ariane :

-Selon vous, pourquoi la tradition orale est importante pour les enfants ?

Nous vivons dans une société de l’image où les enfants sont saturés visuellement et à cet âge le réflexe de la lecture n’est pas encore développé chez tous.

Faire vivre la tradition orale a une dimension démocratique qui permet à chacun de s’exprimer mais aussi une dimension sensible qui sollicite aussi l’écoute active et la présence.

Les enfants découvrent qu’ils s’inscrivent dans une lignée de transmission de valeurs, de sens et de récits par la voix et prennent conscience de l’importance de cette tradition orale qui traverse le temps.

-Qu’apportent vos ateliers aux élèves ?

Nous incitons non seulement les enfants à recevoir cette tradition orale mais aussi à faire vivre une nouvelle pratique du langage en étant eux-mêmes « poètes » c’est-à-dire créateurs à partir du langage.

Ainsi nous leur ouvrons un espace d’expression de leur créativité qui est libérateur et fédérateur : nous leur permettons de s’imprégner du patrimoine poétique pour qu’ils puissent à leur tour composer. Souvent leur seule relation à la poésie est l’apprentissage par cœur : à travers notre intervention, ils découvrent que la poésie est une certaine façon d’être au monde et ils changent de regard sur la poésie, sur eux-mêmes et sur les autres.

Par ailleurs, les enfants sont très sensibles à la musicalité de la langue poétique; ils perçoivent bien l’harmonie des textes au-delà du sens de tel ou tel mot, et pour certains, le slam apparaît naturellement.

-Pourquoi utilisez vous le dessin lors des séances ?

La base de notre travail c’est la poésie dans une approche vivante : nous avons recours au photolangage ou bien au dessin pour faciliter l’entrée dans le texte poétique et notamment le déchiffrage des métaphores.

Cela permet de révéler que la poésie permet avec des mots de créer des images et, pour certains, c’est une étape nécessaire afin de pouvoir ensuite créer leurs propres images poétiques. L’objectif est de leur partager plusieurs outils pour qu’ils puissent ensuite gagner en autonomie dans la composition poétique.

-Est-ce qu’au fil des séances vous avez vu une évolution dans leurs comportements ou leurs paroles ?

Au fil des ateliers, nous observons une réelle amélioration de la qualité d’écoute au sein de la classe, un développement de la faculté à composer à plusieurs, plus d’aisance et de confiance dans la prise de parole et un émerveillement mutuel à la découverte des créations de chacun.

La semaine dernière, deux élèves avaient même écrit à quatre mains un poème de façon spontanée que nous avons lu devant toute la classe sans leur dire qui en était l’auteur : toute la classe était très impressionnée à l’issue de l’atelier quand on leur a révélé que c’était deux d’entre eux qui l’avait écrit !

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